Restauration muséale ou archéologique d’une œnochoé italiote en terre cuite datée de la fin IVème – début IIIème siècle av. J.C., collections du Musée Ingres de Montauban
L’étude complète de cette Oenochoé est disponible =>ici<=
Lorsque le Musée Ingres de Montauban m’a prêté cette oeuvre pour étude et restauration, celle-ci était fragilisée par de nombreuses altérations : concrétions, efflorescences (sels), cassures, lacunes, éclats, restauration vieillissante…

Le contexte archéologique de cette pièce implique une restauration particulière. En effet, La restauration non-illusionniste mise en œuvre dans un tel contexte est qualifiée de « perceptible » et propre aux objets archéologiques et à certaines pièces de musée. Elle ne vise pas à réintégrer la totalité de l’œuvre, mais à la libérer des facteurs qui la fragilisent, prolonger sa pérennité et accroître la lisibilité de son caractère à la fois fonctionnel et esthétique de manière homogène mais visible.
Nettoyage du dépôt noir

Décollage de l’oenochoé
Une grande quantité de bandes encollées est encore présente à l’intérieur de l’objet. Il faut donc les ramollir petit à petit à la vapeur d’eau afin d’extraire de les extraire pour pouvoir dissoudre ensuite la colle des tranches.

Dessalage de la terre cuite
Les tessons de l’oenochoé sont couverts d’efflorescences et saturés en sels ce qui les fragilisent considérablement. Des bains sont réalisés pendant une vingtaine de jour. Des mesures de conductivité de l’eau des bains sont prise régulièrement afin de savoir quand changer l’eau et à quel moment le dessalage est arrivé à son terme.

Retrait des concrétions calcaire
Une fois les tessons dessalés, des concrétions sont toujours présentes et localisées uniquement sur le décor et le masquent considérablement. Celles-ci fragilisent les engobes du décor, beaucoup moins solide que l’engobe vitrifié du fond, or ce décor est ce qui permet de l’identifier au « Style de Gnathia » d’où l’importance de les retirer.

Collage de l’oenochoé
Une colle réversible et dont le coefficient d’adhésion n’est pas trop élevé par rapport à celui de dureté de la pâte est choisie.

Réintégration du tesson manquant
La réintégration ne concerne que la lacune du bec en raison de sa taille et de la perte de compréhension du caractère trilobé de la forme. Les autres lacunes ne gêne pas la compréhension de la forme et sont donc laissées visibles. Un tesson amovible en résine dans les teintes de la couleur dominante de l’œnochoé est réalisé. Il est ensuite collé à l’oenochoé à l’aide de la même colle réversible que précédemment.

L’état de l’œnochoé avant intervention rendait la restauration nécessaire. Celle-ci a permis, d’une part, de rendre le caractère esthétique de l’œuvre à travers la redécouverte du décor, d’autre part, de rendre le caractère fonctionnel et la compréhension de la forme à travers la réintégration du col, mais surtout de retrouver un état de conservation stable.


Parallèlement à la restauration muséale / archéologique de cette oenochoé, une importante recherche sur son histoire à été entreprise afin de la situer dans une époque et un style de production.